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My blog so chou

Lis, vis, aime

Mon interview coup de cœur de Janine Boissard #3

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Moi : Pourquoi avoir choisi ce titre ? Outre le silence sur le lourd secret de la famille Saint-Junien, avez-vous souhaité dénoncer l’hyper-communication dans notre société ?

J.B. : Il est venu en même temps que mon histoire. Je voulais écrire un livre sur les silences, sur les secrets de famille. J’ai beaucoup mis de mon enfance dans ce livre. Et le personnage que je préfère dans ce livre qui est Edmond Saint-Junien : c’est mon grand-père. Et cette phrase « On se tait, on se tient ! », c’est lui qui le disait. Il avait huit enfants, je l’aimais énormément. C’était un grand monsieur, un grand seigneur dans son genre, pour qui l’honneur – comme pour Edmond de Saint-Junien - était très important mais qui savait se montrer tendre quand même. Mais je n’ai appris que très tard, adulte, qu’il y avait ces secrets de famille et que notamment parmi mes oncles et tantes il y avait beaucoup de drames, que ce n’était pas si drôle qu’on nous le disait. Et j’en ai conclu qu’il faut dire les secrets de famille, non pas aller les clamer sur les toits comme on le fait maintenant, mais un petit cercle d’intimes et dans la famille. Quand les enfants sont en âge, il faut les dire parce que sinon il y a des tas de culpabilités qui se font (…).

C’est aussi pour cela que j’avais envie d’écrire ce livre. C’est qu’à l’époque des grands déballages, ça retombe sur la figure des gens, quand ils vont à la télévision raconter toute leur vie en pleurant, etc., ils sont heureux sur le moment, et le lendemain c’est parti pour du plus croustillant ! Donc ils se trompent eux-mêmes. Il faut confier à des vrais amis, à des vrais proches les secrets de famille ; il faut en parler, il faut les évacuer pour s’ôter la honte de ces secrets.

 Moi : Dans ce livre également, vous parlez de la « vérité vraie » et dénoncez les versions édulcorées, en prenant comme exemple le cas d’un « aveugle » qu’on appelle « malvoyant » ou « déficient visuel » pour le ménager…

J.B. : Je n’ai pas pu m’en empêcher, je pique un coup de gueule contre les mots mal employés, contre les non-dits ! On vante un menu à base d’alcool et on dit « Attention, ça nuit à la santé ! » On vit dans une hypocrisie totale ! L’Etat s’en met plein les poches avec les jeux, les alcools, la cigarette, et il n’arrête pas de dire « Attention » ! Tant qu’on ne mettra pas les vrais mots sur les choses, notamment en matière d’enfant, vous n’arriverez pas à régler le problème !

 Moi : A travers vos livres, on sent que pour vous, la famille a une place primordiale dans la construction d’un individu, en bon ou en mauvais d’ailleurs. Pensez-vous que dans notre société actuelle, très individualiste, c’est toujours le cas ?

J.B : Elle l’est toujours, elle l’est de plus en plus avec la crise. Qu’elle soit bonne ou mauvaise, on l’a derrière son dos, notre famille nous a faits ! Quand j’écris un livre, je commence par me faire le portrait de chaque personnage principal en me disant qui était son père, qui était sa mère. Parce que justement il ne réagira pas de la même façon, selon qu’il était un enfant aimé ou pas aimé !

 Moi : Dans votre livre « Une vie en plus », la famille Clément accueillait Alan, fils de Hugo né d’un précédent mariage, un peu comme Nils, comme des oisillons tombés du nid qui cherchent un refuge. Est-ce un hasard de l’écriture?

J.B. : Dans  « Loup y es-tu ? »,  il y a aussi ce petit garçon! Cela ne doit pas être un hasard, cela doit venir du profond de moi…

Moi : Parce qu’il y a de plus en plus d’enfants du divorce qui se cherchent, qui cherchent l’équilibre?

J.B. : Je pense que c’est à cause de ça, tous ces enfants abandonnés…Je pense que c’est peut-être mon cœur de grand-mère, de mère, qui fait que j’ai toujours envie d’en accueillir un dans mon récit !

Moi:  J’ai appris très récemment lors d’une interview que vous avez donnée que vous aimez la musique. Moi, je voulais vous comparer à Marc Chagall : dans vos œuvres, vous êtes tous les deux fidèles aux thèmes que vous abordez, vous parlez de la vie, de l’amour, de la famille dans tous leurs états, bons ou mauvais, tristes ou gais, mais avec un regard bienveillant et en gardant toujours l’ESPOIR. Qu’en pensez-vous ?

J.B.: J’aime beaucoup Chagall, puis  c’est le rêve ! C’est surtout comme ça que je le vois avec ses petits personnages qui flottent un petit peu…Puisque vous citez un peintre, je vous en cite un autre qui a dit une phrase magnifique que j’ai fait mienne, c’est Braque : « L’art est une blessure devenue lumière »…Comme on a été mal vu, blessé dans l’enfance, d’une certaine façon on se rattrape, on se rachète par l’art et nous vivons tous sur cette blessure…Je connais peu d’artistes qui n’aient été blessés. Et en un sens, je souhaite que la blessure demeure parce que c’est grâce à elle que j’écris! Les blessures d’enfance, c’est rare qu’elles s’éteignent complètement.

Moi : J’ai vu dans « Une vie en plus » que vous parliez de « Desperate housewives », de Facebook, de Twitter. Alors je me suis dit : vous regardez les séries américaines, vous allez sur Facebook et Twitter ?

J.B. : Je ne vais pas sur Twitter ni sur Facebook parce que je n’ai pas internet. C'est mon petit-fils qui s'occupe de ma page Facebook et il en est très fier!  Je ne veux pas internet parce que je suis toujours à galoper après le temps. En revanche, je me nourris de séries américaines que j’adore ! J’adore « Mentalist », j’ai adoré « Dr House », je n’ai pas du tout aimé la fin ! J’aime énormément cette nouvelle série, avec un nouveau regard, qui s’appelle « Unforgettable ». Il y en a d’autres que j’aime beaucoup mais je ne vais pas toutes vous les citer :D

Moi : « Chuuut » est un savant mélange de suspense et de roman d’amour. Vous renouez avec vos premières amours tout en restant fidèle au thème leitmotiv qui a fait votre succès ?

J.B. : Il y a un côté thriller et la famille, le suspense va durer tout le temps ! Mais pour moi, la vie même est un suspense !  :-D

Moi: Merci de m'avoir accordé cet entretien, c'est très gentil à vous. Et vous êtes vraiment dans vos livres!

J.B.: Merci à vous! C'est le meilleur compliment qu'on puisse me faire!

Mon interview coup de cœur de Janine Boissard #3
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Rachel


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B
Bonjour Thérèse,<br /> Merci pour votre visite!<br /> Pour information, Janine Boissard va sortir un nouveau livre au début de l'année prochaine, la suite de la série "Esprit de famille", et il s'intitulera "Belle grand-mère, aïe, aïe, aïe!"<br /> Bonne journée!
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T
Coucou Rachel. Je lis et relis cet auteur avec un grand bonheur .Je vais me procuré ce livre . Merci pour ce billet . J'était sur l'ordi quant votre petit coucou et passé sur mon blog .<br /> Merci bonne soirée
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B
Cela a été un vrai plaisir de la rencontrer et je suis contente d'avoir pu le transmettre à travers ces billets! Pour ce qui est des questions, tout semblait à chaque fois couler de source, et cela m'a confortée dans l'idée que je partage vraiment avec cette grande dame des valeurs! Je te souhaite d'ores et déjà bonne lecture pour "Chuuut"! Bonne soirée et des bises Paulette!
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P
Merci de nous avoir fait découvrir une femme de valeur....que l'on voudrait avoir pour amie ! Je dois aussi ajouter que ton interview était très bien menée , tu as su poser les bonnes questions ! Dès que je reviens je me procure Chuuut !Merci Rachel Bonne soirée Bises
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