Lis, vis, aime
16 Octobre 2016
A la fin de "Tu n'as rien à craindre de moi" (retrouvez ici le billet que je lui ai consacré), Seaberstein vivait une retraite dorée sur son île.
En novembre 2015, la responsable du Centre Dalinien du Futur le rappelle à Paris pour mener une expérience artistique inédite ayant pour but ultime la décryogénisation de Dali.
Pour cela, il doit s'enfermer dans un hôtel particulier pendant quatre jours et quatre nuits avec quatre mannequins, totalement coupés du monde, et reproduire quelques-uns des tableaux les plus célèbres de Dali; les modèles devant rester nus (ou presque), et Seaberstein habillé pour accentuer encore plus le contraste. Ils déambulent dans cet univers en huis clos sans aucune pudeur ni retenue, et pour garantir le succès de l'entreprise, ils recourent même à la prise de champignons.
Car certes, ce réveil de Dali devait être le clou d'un défilé de mode, mais il serait surtout le remède au chaos dans lequel notre monde est en train de plonger.
Et au même moment, dans une célèbre salle de concert parisienne, c'était le carnage: des centaines de personnes sont tombées sous les balles de fanatiques religieux, venus punir les mécréants amoureux de la vie que nous sommes...
Mon avis:
Le choix de poser Dali comme une possible solution à l'obscurantisme qui gagne peu à peu notre société n'est pas anodin, puisque l'artiste a publié une "Déclaration d'indépendance de l'imagination des droits de l'homme à sa propre folie" en 1939.
Cette BD est l'occasion de redécouvrir les œuvres de Dali, entre autres "Métamorphose de Narcisse", "Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une grenade, une seconde avant l'éveil", "Corpus hypercubus", "La girafe en feu", etc.
Comme dans "Tu n'as rien à craindre de moi", l'auteur fait un petit clin d'oeil à un personnage réel, en prêtant cette fois-ci à Farida, la responsable du Centre dalinien du futur, les traits de Farida Khelfa, une figure connue de la "beurgeoisie" parisienne.
Pour moi, cette BD est un hymne à la liberté: liberté de pratiquer l'art, liberté d'écriture; comme un pied de nez à la bien pensance, l'auteur aborde des sujets tels que la consommation de drogue ou le sexe libre.
Pour en découvrir davantage encore, une exposition "Salvador Dali - Joann Sfar: une seconde avant l'éveil" se tient à l'Espace Dali jusqu'au 31 mars 2017.
Publié aux Editions Rue de Sèvres
112 pages
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