Lis, vis, aime
19 Septembre 2016
Augustin Trolliet fait partie de ces personnes que la vie n'a pas gâtées. Abandonné à la naissance par ses parents, passant d'un orphelinat à un autre, il survivait plus qu'il ne vivait. Il squattait une usine désaffectée et faisait les poubelles pour se nourrir.
Alors qu'il était journaliste stagiaire non payé pour le journal à sensation Demain à Charleroi, il s'est retrouvé témoin direct d'un attentat terroriste. Rescapé, cet homme invisible socialement a été d'un coup projeté dans la lumière, il a enfin été écouté, ou mieux encore, son témoignage était attendu...Oui mais voilà: en avouant à la police que le terroriste était accompagné de son père quand il a effectué son macabre forfait, Augustin a perdu toute crédibilité, car il se trouve que le père en question est mort depuis des années!
Voilà le terrible secret d'Augustin, qui l'a fait passer plus d'une fois pour un fou: il voit les morts qui veillent sur des vivants ou les accompagnent... Seule la juge Poitrenot a bien voulu prêter une oreille attentive à sa version des faits. Elle menait son enquête de son côté et était persuadée que c'était Dieu le responsable de toutes ces violences, et voulait qu'Augustin creuse la question.
Chargé par son journal par ailleurs d'interroger une célébrité locale sur les événements, Augustin fera la connaissance de...Eric-Emmanuel Schmitt! Une grande complicité va naître entre eux. Ce sera pour Augustin le début d'un voyage spirituel pour aller à la rencontre de Dieu, ou le Grand Oeil...
Mon avis:
Eric-Emmanuel Schmitt offre une approche originale et très intéressante d'un attentat. Il est passé outre le décryptage des faits, l'émission d'énièmes hypothèses sur les motivations du terroriste, l'apitoiement sur les victimes. Il s'est plutôt intéressé aux rescapés, à un rescapé en particulier, éclairant l'événement d'une tout autre perspective.
J'ai trouvé amusante et magistrale le fait qu'il se raconte à la troisième personne, affirmant sa foi en exprimant ces doutes et ces interrogations qui jamais ne le quittent, n'influençant jamais le lecteur mais l'amenant à une réflexion profonde.
Je me suis attachée à Augustin, cet être que la vie a malmené et dont les choix, jusqu’au bout, m'ont surprise.
Un roman rédigé avec maestria encore une fois, avec des rebondissements jusqu'aux dernières pages. Un vrai bonheur à lire!
Publié aux éditions Albin Michel
300 pages
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