Lis, vis, aime
13 Mai 2016
Dans notre société actuelle, la méritocratie règne en maître incontesté. En France, il est quasiment impossible de trouver un bon poste sans être diplômé. Et encore, le prestige et la valeur des diplômes sont hiérarchisés. Les parents, soucieux de mettre du côté de leurs enfants toutes les chances d'avoir un avenir à l'abri des besoins, les poussent à se distinguer, au risque de nuire à leur bien-être.
Il est effarant d'entendre que des enfants souffrent de burn out, et je ne pense pas que les parents de ces enfants soient des tortionnaires. Au contraire, la grande majorité doit être des parents attentionnés, peut-être un peu trop..Ils veulent en même temps développer les fibres artistique et sportive de leurs progénitures en plus de l'école, ce qui rapidement surcharge leur emploi du temps. Plus l'occasion de se détendre ou de paresser, chaque minute est "optimisée"...
Mon fils est actuellement en troisième. Déjà, à la fin de l'année de quatrième, nous avons commencé à réfléchir sur ce qu'il voulait faire plus tard, tout en sachant qu'il aura tout le temps de changer d'avis d'ici la terminale. Néanmoins, il était important de se projeter dans un futur proche, à commencer par le choix du lycée...
Un vrai casse-tête pour une maman, encore plus j'imagine pour ce petit bonhomme tiraillé entre l'enfance confortable et insouciante et l'appel du monde adulte. Et je ne parle même pas des déferlements d'hormones qui chamboulent tout en lui! Il a des rêves ambitieux qui requièrent une masse importante de travail pour espérer les voir se réaliser, et pourtant il aimerait passer tout son temps à s'amuser et rigoler avec ses copains, ce que je trouve normal à son âge.
Me voilà donc face à un dilemme qui me fait culpabiliser: soit je le pousse à donner le meilleur de lui-même pour obtenir de bons voire de très bons résultats scolaires, et ainsi pouvoir espérer intégrer la grande école à laquelle il rêve plus tard; soit le laisser profiter de la vie, en veillant à ce qu'il fournisse le "minimum syndical" et profite de son adolescence et de ses amis...
En choisissant la première option je prends le risque de passer pour une mère dirigiste et tyrannique! Mais je me dirais aussi que mon fils aura plus de garantie de s'en sortir plus tard...Opter pour la deuxième possibilité risque de me faire passer pour une maman laxiste et démissionnaire, et j'exposerais mon fils à davantage de difficultés à s'en sortir plus tard...
Dans mon entourage, je connais des parents qui ont fait le choix de l'instruction à la maison. Ils dorment et se réveillent à leur rythme, n'ont pas de devoirs ni de leçons à retenir, ils apprennent à lire, écrire et compter en lisant des boîtes de céréales, en tapant sur le digicode de la porte, en voyant les numéros de bus... Pour le moment ils ont moins de six ans et leurs mamans passent énormément de temps avec eux, très attentives à leurs besoins et y répondent en prenant le temps d'expliquer les choses.
Je vois ces enfants très épanouis et éveillés, curieux de tout. Néanmoins, je trouve qu'ils sont moins à l'aise à communiquer avec des enfants scolarisés de leur âge ou en société. Et quand je vois le monde du travail actuel régi par des règles ultra formatées et accordant très peu de chances aux profils atypiques, j'ai du mal à imaginer la manière dont ces enfants pourront s'y insérer...
On dit que les parents agissent toujours pour le bien de leurs enfants. Et en attendant que leurs enfants soient en capacité de choisir par eux-mêmes, ils sont obligés de prendre des décisions à leur place... A bien y réfléchir, c'est une énorme responsabilité.
Mais comme pour toute chose, il faut essayer de trouver le bon équilibre entre permettre à l'enfant de profiter du présent, tout en lui donnant toutes les billes pour envisager plus sereinement l'avenir...
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