Lis, vis, aime
22 Janvier 2015
Je fais suite au magnifique article de Paulette du blog "Les voyages et moi" que je vous laisse découvrir ici et qui fait écho au manque d'attrait des métiers de l'enseignement chez nous.
Devenir prof ou maîtresse d'école ne fait plus rêver, des disciplines essentielles comme les maths sont en panne de vocation. A qui la faute?
Cela fait cinq ans que je travaille dans l'éducation nationale, trois ans que je suis documentaliste, mais pas titulaire. Car pour être professeur documentaliste, ou pour être professeur certifié tout court, il faut avoir un master 2 ou son équivalent, puis passer le CAPES ( Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement du Second degré). Ce concours est tellement compliqué qu'il faut parfois s'y prendre à deux ou trois reprises pour le réussir. Une fois ce fameux sésame obtenu, il faut faire une année de stage, la valider avant d'être titularisé.
Et donc là je reviens à une préoccupation très terre-à-terre. Car certes enseigner est un très beau métier, mais je n'oublie pas non plus que je travaille pour gagner ma vie. Je dis bien gagner ma vie, mais pas m'enrichir! Humainement oui, pécuniairement non! Pour vous donner un ordre d'idée, un professeur stagiaire débute avec un salaire de 1300€ net par mois et peut espérer toucher à peu près 3000€ en fin de carrière. Quand on sait que dans le privé avec un master 2 on peut espérer débuter par un emploi rémunéré à 2000€ par mois, je comprends qu'on réfléchisse à deux fois avant d'envisager une carrière d'enseignant malgré les vacances à profusion!
Le métier d'enseignant est un métier ingrat. Il ne faut s'attendre à aucune reconnaissance ni de la part des parents ni de la part de vos supérieurs. Pour les parents, si leurs enfants réussissent, c'est qu'ils sont doués, s'ils échouent c'est parce que les profs ne sont pas compétents. Vos supérieurs ne vous seront d'aucun soutien non plus: il faut voir la terreur que qu'inspirent les inspecteurs qui, généralement, sont là pour relever ce qui ne va pas et oublient d'encourager les profs, les féliciter encore moins! Et que dire du ministère de tutelle - composé de cols blancs - qui souffle le chaud et le froid sur les programmes à suivre, sur l'orientation de l'école, en consultant peu ou prou les enseignants qui, pourtant, connaissent mieux la réalité du terrain. Vous êtes là pour enseigner, mais votre avis sur le contenu de ce que vous devez enseigner ne compte pas beaucoup...
Et parlons des principaux concernés: les élèves. La grande majorité vient à l'école parce qu'ils y sont obligés, ils ne se rendent absolument pas compte que c'est pour leur bien, pour préparer leur avenir. Je ne cesse de leur répéter l'importance de l'enjeu dès le collège; que rien ne les empêche de s'amuser, mais qu'ils gardent quand même dans un coin de leur tête qu'il faut aussi travailler. A leurs yeux, l'école n'est pas un privilège mais une torture inventée par les adultes pour leur pourrir la vie. Souvent, nous leur diffusons des films mettant en scène des jeunes comme eux qui vivent des galères, je me souviens notamment de "Welcome" avec Vincent Lindon et de "Sur le chemin de l'école" racontant le quotidien d'enfants qui doivent parcourir des kilomètres et braver des dangers pour pouvoir s'instruire. Certains professeurs les font travailler sur un exposé sur le travail des enfants à travers le monde. Autant de choses pour les aider à prendre conscience de leur chance.
Les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de l'Education Nationale ont tous essayé de réformer l'école, ou de proposer une refondation. Cela prouve bien que tout le monde est conscient que tout ne tourne pas rond. L'intention est louable mais le résultat peine à arriver. Et pourtant, il y a péril en la demeure...
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