Lis, vis, aime
23 Avril 2019
Dernièrement j'ai entendu à la radio, à une heure de grande écoute, une émission consacrée à une partie de l'anatomie féminine réservée au plaisir et rien qu'au plaisir, celle-là même que les partisans de l'excision supprime pour des raisons obscures.
Comme pour réparer une omission vieille de plusieurs décennies voire plus, l'organe en question a été cité de nombreuses fois par les uns et par les autres. C'est ainsi que j'ai appris que l'injustice a été réparée, et que désormais il figure dans les schémas de l'anatomie féminine. Il a même eu droit à la une d'un grand magazine féminin avec tout un dossier qui lui a été consacré!
Vous l'aurez remarqué, j'ai du mal à le nommer, et je ne le ferai pas d'ailleurs :) Non pas par fausse pudeur, ni même parce que je suis bégueule, mais j'avoue avoir du mal à en parler en public.
Et je ne parle pas seulement de cet organe, mais du plaisir féminin en général. Oui, c'est bien que les schémas anatomiques soient conformes à la réalité. Oui, c'est bien qu'on dise que les femmes ont droit au plaisir aussi. Mais de là à en faire tout un ramdam, je suis moins d'accord.
Car voyez-vous, je trouve que les magazines, quand ils s'emparent d'un sujet, s'en servent pour véhiculer des diktats qui desservent parfois plus les femmes qu'elles ne les aident. Ils définissent les mensurations de rêve, préconisent les aliments à privilégier ou à bannir, le rythme de vie à adopter, la manière de s'habiller, et maintenant proposent une définition du plaisir féminin. Et si vous avez le malheur de ne pas entrer dans ces normes, vous culpabilisez, vous avez l'impression d'être passée à côté de quelque chose.
Ma mère me qualifie d'anti-conformiste, et à juste titre. Je veux me sentir libre d'adopter ou pas les codes de la société sans pour autant être une provocatrice. Je me conforme aux usages en connaissance de cause. Par exemple, je ne vais pas débarquer à un mariage en jean et baskets sous prétexte que je suis libre de faire ce que je veux. En revanche je n'hésite pas à marcher pieds nus dans la rue si mes chaussures me font très mal (au grand dam de mon fils d'ailleurs, très soucieux du regard des autres). Voyez-vous la nuance?
Je reviens à cette envie de tout dire au nom de la liberté d'expression. Le mouvement #metoo a libéré les paroles de femmes - et d'hommes aussi d'ailleurs - victimes de harcèlement ou de gestes déplacés. Mais le phénomène a pris une telle ampleur au point que certains hommes n'osent plus se retrouver seul avec une femme dans un ascenseur de peur d'être accusé de harcèlement, la loi actuelle présumant coupable avant que le contraire soit prouvé. De même, on ne sait plus quelle est la limite entre la drague et le harcèlement, compliquant un peu plus la communication spontanée déjà mise à mal par notre mode de vie.
Existe-t-il un entre-deux satisfaisant, un juste milieu entre les deux pour que cette liberté soit réellement une avancée et qu'elle nous soit réellement profitable?
Et vous, êtes-vous pour ou contre tout dire comme on veut, quand on veut?
Crédit photo : Pixabay
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