Lis, vis, aime
24 Février 2013
Et c'est reparti pour le 2ème défi littéraire, toujours initié par Caroline du blog ParisianShoegals, dont voici les règles du jeu:
Le choix de la forme finale est entièrement de votre ressort : fictions, nouvelles, textes divers, poèmes, prose, vers, histoires personnelles, sur un mode drôle, sérieux, touchant, horrifique, tendre, désopilant, it's up to you ! Le but ultime, vous faire plaisir en écrivant !
Et voici ma production:
Le train débarqua sur le quai son flot de citadins au teint blafard et aux traits tirés, contents de quitter la grisaille de la ville et d’échapper à ce rythme de vie infernal qui les oblige sans cesse à courir.
La gare se vida peu à peu de ses envahisseurs. Seul un petit groupe subsistait, scrutant vainement l’horizon dans l’attente de la navette qui devait les ramener à leur lieu de villégiature. Les minutes passèrent, la fatigue et l’agacement commençaient à se faire sentir.
Ses amis adressèrent à Thomas, l’instigateur de ce projet « en tous points inoubliable », des regards dépourvus de toute aménité. Lors d’un dîner qui les avait tous réunis en début d’année, entre la poire et le fromage, il a réussi à les persuader de lui confier l’organisation de A à Z de vacances de rêve, tous ensemble, dans une villa nichée dans un petit village de Provence avec vue imprenable sur le Mont Ventoux. Pour le moment elles semblaient plutôt mal parties, et il ne leur restait plus qu'à espérer que ce parangon de l’organisation ne les ait pas entraînés dans une immense gabegie.
Qu'à cela ne tienne ! Ils ne voulaient pas gâcher une telle journée et décidèrent donc de rallier le village à pied. Leurs bagages sur le dos, ils empruntèrent un petit sentier champêtre qui semblait mener vers la bonne direction. Gilles prit les opérations en main et se mit en tête de la file. Il s’autoproclama spécialiste de l’impressionnisme et assura à ses compagnons, sur un ton on ne peut plus sérieux, bien connaître ses classiques sur le sujet. Et le voilà qui commenta le paysage avec grandiloquence et force gestes.
« Admirez ce ciel d’un bleu céruléen sans aucune nébulosité. Ne vous rappelle-t-il pas le fond d’écran de votre ordinateur ? Et cet immense champ de lavande, il ressemble à s’y méprendre au kilim qui orne mon salon ! » Il se baissa, cueillit un brin qu'il porta à son nez et déclara : « Hum, et ce parfum, il me ramène tout droit dans ma salle de bain ! En parlant de salle de bain, j’espère que personne n’a omis de s’enduire le visage de crème solaire, il nous reste encore quelques kilomètres à parcourir avant de trouver une ombre salutaire ! »
Les visages se déridèrent au fur et à mesure qu'ils avancèrent ; la majesté des lieux et le discours de leur guide improvisé y ont largement contribué. Certes, Gilles ne leur a rien appris de plus sur Pissarro ou Monet, mais il les a impressionnés par son immense connaissance de l’art ménager urbain !
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