Lis, vis, aime
13 Mai 2020
C'était un 17 mars 2020....la France est entrée en confinement pour stopper l'invasion d'un ennemi invisible mais coriace : le Covid-19...Nous étions partis pour vivre pendant près de deux mois dans une bulle.
Car c'est bien de cela dont il s'agit!
Il y a d'abord la bulle personnelle, objet d'étude de la proxémie ou étude de la distanciation sociale, celle-là même qu'on nous demande de pratiquer. Cette bulle personnelle dont la taille varie d'un individu à l'autre - il y a les tactiles qui embrassent et enlacent à tout va, et il y en a d'autres qui se contentent d'un hochement de tête ou d'un salut de la main - et d'une culture à l'autre. J'y ai mis ceux qui me sont chers, là, tout près de moi, tout près de mon cœur...
Ensuite il y a cette bulle sanitaire dans laquelle nos gouvernants nous ont demandé de rester pour nous protéger. Cela me rappelle les bébés-bulles et les enfants-bulles, ces personnes au système immunitaire défaillant qui doivent vivre dans une bulle pour les protéger des infections qui peuvent leur être fatales. "L'Etat providence" nous y a contraint, le virus étant invisible à l’œil nu, aussi avions-nous eu le plus grand mal à sentir l'imminence du danger, ce qui donnait souvent lieu à des envies de rébellion. En même temps, pouvait-il en être autrement, quand on interdit à un peuple dont l'une des devises est la liberté, de circuler à sa guise?
Il y a enfin la bulle économique, celle que le virus a fait voler en éclats. Jamais la bourse n'a été à ce point malmenée, ce haut lieu de toutes les spéculations, mises à mal par un brusque retour à la dure réalité.
Au début du confinement, j'avais l'impression d'être en vacances forcées. Casanière de nature, être "assignée à résidence" avec mes proches ne m'a pas dérangée. Pas d'énormes bouleversements non plus dans nos habitudes alimentaires puisque j'avais l'habitude de cuisiner et que j'aime ça. J'ai enlevé le réveil du matin, mon corps était suffisamment habitué à se lever tôt pour pouvoir être prête à travailler à 9h.
J'ai particulièrement apprécié de pouvoir prendre le petit déjeuner, attablée, avec mon chéri tous les jours, et les autres repas de la journée aussi d'ailleurs. Quel plaisir de travailler l'un en face de l'autre, de s'interrompre de temps à autre pour poser une question ou raconter une anecdote. Quelle joie de le sentir si disponible pour échanger, moins pris par ses tracas professionnels. Je l'ai (re)découvert, cela a renforcé notre complicité.
Nous avons pu mettre à profit tout ce temps qui nous était offert pour entreprendre des travaux à la maison qu'on n'arrivait pas à caser dans nos agendas bien chargés. Ma plus grande joie et fierté : un potager où j'ai plaisir à cueillir un peu de persil pour la salade du déjeuner :)
J'ai pris plaisir à découvrir les tranches de vie des uns et des autres sur les réseaux sociaux, mais je me suis vite lassée. Le côté "j'en mets plein la vue" de certains, les injonctions sociales des autres m'ont vite gênée. Alors, j'ai limité les contacts, préférant rester le plus possible dans ma bulle, communiquant peu et m'informant peu aussi...J'en ai même négligé la lecture, une paresse en partie induite par "l'infobésité" je pense...
Un des effets de ce confinement que j'ai constaté sur moi a été l'exacerbation de toutes les émotions, et cela n'a pas toujours été simple à gérer pour que mes proches n'en pâtissent pas. Quand j'en ai eu conscience, j'ai fait un vrai travail sur moi-même pour canaliser mes émotions, et cet effort permanent me fatiguait.
Contrairement à de nombreuses personnes, je ne constate pas de changement majeur qui s'est opéré en moi. Cette période reste exceptionnelle - du moins je l'espère! - elle s'est imposée à nous, et il a fallu s'adapter.
Depuis lundi, la bulle a éclaté. Il a fallu mettre le réveil pour mon chéri qui a repris le chemin du travail; fini le luxe de partager les trois repas, et les impératifs professionnels sont revenus au galop.
A l'instar de notre bulle, le monde sort peu à peu de cette parenthèse inédite. Les plus pessimistes prédisent le pire, les plus optimistes pensent - ou espèrent - que cette pandémie aura servi de leçon à l'Humanité. Bien malin celui qui saura dire où nous en serons d'ici la fin de l'année.
Me concernant, je m'adapte à cette nouvelle situation d'entre-deux : ni plus tout à fait confinement, mais pas tout à fait libre non plus.
J'avance, un jour à la fois, accueillant ce qui se présente le mieux possible.
Crédit photo : Alexa_Fotos from Pixabay
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