Lis, vis, aime
9 Mai 2018
Etre et paraître, deux verbes d'état qu'on aime bien opposer, et pourtant...
Quand on dit ETRE, on pense à une personne authentique, vraie, qui assume ce qu'elle est sans craindre de déranger. "I am what I am " clame-t-on fièrement.
Le verbe PARAITRE souffre d'un relent de connotation négative, on pense à une personne qui veut se donner l'air, qui fait genre, voire qui est fausse, qui affiche l'image de ce qu'elle n'est pas en réalité.
Mais ces deux états de fait sont-ils vraiment dissociables? La frontière entre les deux est-elle aussi claire que nous l'imaginons?
Car à moins de vivre reclus ou isolé dans le fin fond de l'Amazonie - et encore, les bulldozers des grandes multinationales risquent de vous retrouver - nous sommes des êtres sociaux. Et qu'on le veuille ou non, nous faisons partie d'un tout. Et de ce fait, inconsciemment ou volontairement, cela induit un changement de comportement en nous. Il existe des codes qui nous régissent, des règles à observer si nous voulons qu'il règne un minimum d'harmonie dans notre société.
Imaginez que chacun fasse vraiment ce qu'il veut et quand il veut tout le temps et en tous lieux...
Mais...
Parce que je suis un être social, je ne vais pas me rendre au bureau en robe de chambre juste parce que j'en avais très envie ce matin. Et Dieu sait si certains matins cela me démange de le faire!
Parce que je suis un être social, je ne vais pas chaparder les croissants alléchants dans la vitrine de la boulangerie juste parce que j'avais très faim et qu'ils me donnaient l'eau à la bouche.
Parce que je suis un être social, je ne vais pas me soulager dans le bus devant tout le monde uniquement parce que j'avais un besoin pressant.
Parce que je suis un être social, je ne vais pas lâcher un chapelet d'injures à cet agent d'accueil peu aimable quoique je puisse penser de sa personne.
Bref, l'unique moment où nous pouvons vraiment être nous, c'est quand nous sommes vraiment seul.
Ne dit-on d'ailleurs pas que nous avons un "rôle" à jouer dans la vie?
Dans la vie privée, nous pouvons incarner successivement le rôle de conjoint(e) qui fait équipe avec sa moitié; de parent qui rassure et accompagne ses enfants; ou d'enfant qui cherche réconfort et affection auprès de ses parents et ce à tout âge. Certes on peut se permettre de prendre moins soin de son apparence, mais pour autant, la présence d'un autre individu, fut-il quelqu'un que nous aimons et qui nous est proche, induit une interaction et donc une adaptation de ce que nous sommes pour adopter la posture la plus juste possible face à notre interlocuteur, sans que nous soyons forcément faux.
Au final, il apparaît que l'ETRE que nous sommes doit s'acoquiner avec le PARAITRE sans que cela soit nécessairement péjoratif. Nous pouvons d'ailleurs donner de l'importance à tel ou tel rôle tout en veillant à ne pas négliger l'ETRE que nous sommes, ou tout du moins essayer.
Mais cela, c'est une autre histoire...
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