Lis, vis, aime
13 Novembre 2014
Mon voisin du dessus vit dans le déni total: il oublie qu'il habite au 7ème étage d'un immeuble et non dans un pavillon, et que de ce fait il n'est pas seul et que ses actes peuvent prêter à conséquence à ses voisins.
Ainsi, un dimanche sur deux, monsieur prend ses aises et lave son balcon à grande eau. Et comme l'eau ne s'évapore pas en deux secondes - et surtout qu'elle s'écoule de haut en bas! - devinez quoi? Tout dégouline dans ma cuisine!
Pareil, toujours le dimanche matin, monsieur décide de dépoussiérer son grand tapis et le secoue contre la rambarde de son balcon, et devinez où atterrissent les salissures? Pile sur mon balcon!
Pendant la Coupe du monde de football, j'avais l'impression de regarder les matchs avec lui. Il mettait le son de sa télé à fond et manifestait bruyamment, tapait du pied quand un joueur ratait le but, et criait fort quand un autre marquait! Heureusement pour moi que l'équipe qu'il soutenait ne soit pas arrivée en finale!
Depuis deux ans qu'il est arrivé, j'ai joué la carte de la voisine compréhensive et magnanime - hum hum, je suis fière d'avoir pu placer ce mot :) - et n'ai rien dit, enfin si, je pestais mais chez moi.
Et puis il y a quelques jours - je ne devais pas être d'humeur très coopérative ce jour là - voilà que monsieur a lavé son balcon. Comme il a fait plutôt doux, j'ai laissé la fenêtre de ma cuisine ouverte. Résultat: outre les carreaux de la fenêtre complètement salis, l'eau a éclaboussé également tout ce qui se trouvait juste en dessous!
N'y tenant plus, je suis montée comme une flèche chez lui, sous le regard inquiet de mon fils qui me disait: "Mais non Maman, ce n'est pas la peine, laisse tomber!"
Eh ben non, je ne voulais plus laisser tomber, ça n'a que trop duré!
J'ai frappé à sa porte, et le plus calmement possible je lui ai expliqué ce qui se produisait chez moi à chaque fois qu'il nettoyait ainsi son balcon. Il s'est excusé et a promis de faire attention. Et j'avoue, il a tenu parole!
Ce que je voulais surtout souligner ici c'est l'attitude de mon fils: se taire plutôt que d'affronter une situation de conflit! Et ce n'est pas la première fois qu'il réagit ainsi!
Il faut dire que moi je ne suis pas du genre à me laisser faire quand je pense être dans mon droit.
Je me souviens, un soir, un homme s'est soulagé dans le bosquet juste devant notre immeuble, je lui ai fait une remarque, il m'a insultée en retour, mais je n'en ai eu cure.
Pareil, quand je vais au supermarché, parfois le prix affiché sur les rayons est différent de celui du ticket, alors je réclame, même pour quelques centimes, au grand dam de mon fils. Alors je lui réponds: "Parce que tu crois que s'il te manquait quelques centimes, ils te vendraient l'article?"
J'apprécie ce côté très policé de mon fils, qui fait toujours attention à ne pas heurter les gens et à ne pas soulever de vague en société. Il n'empêche je pense qu'il y a des moments où il faut oser parler pour défendre ses droits, oser déranger l'ordre établi.
Hier, en voyant dans le journal de 20h une Juste, Annette Beaumanoir, un petit bout de femme de 91 ans toujours alerte et vive et qui force l'admiration même des plus jeunes par son courage et sa conviction, je me suis demandée combien d'entre nous auraient osé désobéir comme elle l'a fait pour sauver la vie de deux enfants juifs et mettre en péril par la même occasion la sienne?
Aurait-on le courage de sortir de notre petit confort pour nous insurger contre des injustices, pour défendre des idéaux? Ou préférons-nous laisser faire pour ne pas être inquiétés?
Je vous invite à écouter cette magnifique chanson de Jean-Jacques Goldman pour guider tout en douceur votre réflexion: "Alors, cap ou pas cap?"
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