Lis, vis, aime
6 Juillet 2017
Avez-vous entendu parler de Démos? Derrière cet acronyme - qui signifie "Dispositif d'éducation musicale et orchestre à vocation vocale" - se cache un très chouette projet de démocratisation culturelle. Il permet à des enfants habitant des quartiers dits défavorisés d'apprendre la musique. On leur offre un instrument pour qu'ils puissent s'exercer chez eux outre les heures de d'ateliers pratique et de répétition, et ils s'engagent à rester dans l'orchestre au moins 3 ans. Lancé en 2010, le projet compte désormais plusieurs orchestres à travers toute la France et permet à près de 800 enfants d'apprendre la musique.
C'est ainsi que l'orchestre Démos s'est produit à la prestigieuse Seine Musicale, le nouveau bâtiment futuriste dédié à la musique construit sur l'île Séguin.
Un reportage leur a été consacré dans le journal de 20 heures et c'est ainsi que j'en ai pris connaissance. Le journaliste annonçait complaisamment que ces enfants avaient - enfin - le privilège d'apprendre la musique classique grâce à ce dispositif.
Nous sommes bien d'accord que ce projet est une très bonne idée, il n'y a pas de débat là-dessus. C'est une très bonne chose que ces enfants sortent de leur train train quotidien pas toujours facile et s'ouvrent à l'art. Mais le fait d'avoir souligné que la musique classique était l'apanage de la classe aisée m'a dérangée, même si c'est vrai. Car ces enfants ne connaissent peut-être pas la musique classique, mais ils écoutent peut-être autres choses et donc ils ne sont pas complètement incultes question musique!
Et pourquoi les autres styles de musique seraient moins bien que la musique classique? Ne dit-on pas que des goûts et des couleurs, on ne discute pas?
Ce beau projet est censé gommer les injustices sociales mais il rappelle que les marqueurs sociaux sont là et bien là.
Sommes-nous vraiment libres et égaux?
On dit que nous sommes libres de nous habiller à notre goût, comme cela nous chante, mais notre manière de nous vêtir révèle beaucoup de nous, ou tout du moins reflète ce que nous souhaitons véhiculer comme image. Ne catalogue-t-on pas les hommes qui mettent un polo et nouent un pull sur ses épaules comme étant très BCBG?
De même, le choix des prénoms des enfants peut être considéré comme un vrai marqueur social. Les parents appellent leurs enfants Marie, Malika, Louis, Kévin parce qu'ils aimaient bien ces prénoms, mais ils ne savent pas que par ce choix, ils vont les marquer durablement. Souvenez-vous de cette étude menée par le sociologue Baptiste Coulmont sur la corrélation entre les mentions au bac et les prénoms. Car bien entendu, ces prénoms sont associés à des classes sociales, et les études ont démontré que les enfants issus des milieux favorisés réussissent mieux que les enfants de la classe modeste.
Il existe beaucoup d'autres exemples qui étayent mon constat comme la façon de se nourrir ou autres habitudes de consommation. En tout cas, les valeurs "Liberté" et "Egalité" de la belle devise de notre pays sont biaisées, et je ne parle même pas de la "Fraternité" qui est une belle utopie..
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