Lis, vis, aime
3 Juin 2014
Ces dernières années, tu naviguais dans des eaux calmes. Le vent soufflait dans les voiles de ton bateau, assez pour te faire avancer, pas trop pour te faire tanguer. Le ciel au dessus de ta tête était clément: d'un bleu limpide, un soleil éclatant à peine gâché par des petits nuages.
Depuis quelques temps pourtant, la vie te malmène. Les piliers que tu croyais solides et que tu as bâtis patiemment ont vacillé...
Les épreuves, telles les énormes vagues sur lesquelles tu aimes tant surfer, ont failli t'engloutir...
Tu as d'abord cru que ce n'étaient que des petites fissures qui ne feraient pas s'écrouler tout l'édifice... Mais il t'a fallu te rendre à l'évidence: rien ne sera jamais plus pareil...
Quand le dernier espoir que tout redeviendrait comme avant s'est éteint, tu as cédé au découragement. Je n'ai pu te proposer qu'une épaule sur laquelle poser ta tête et une oreille attentive et compatissante...
Je pouvais presque sentir entre mes doigts ta peine tellement elle était grande... De mes yeux ont coulé les larmes que tu n'as pas pu verser...Trop de douleur, trop de chagrin...
L'envie de redresser la barre ne t'a pas quitté, mais tu n'avais aucune emprise sur ce qui t'arrivait... De guerre lasse, tu as baissé les armes, perdu, déboussolé, sans tes repères pour te rassurer...
Je me suis inquiétée pour toi, je t'ai soutenu comme j'ai pu en te rappelant sans cesse que malgré ses vicissitudes, la vie valait la peine d'être vécue..
Et puis un matin, passé le moment d'abattement, j'ai senti poindre en toi l'envie de tourner la page et de continuer ta route vaille que vaille...
Toi qui pendant des années n'a vécu que pour les autres, ces autres que tu chérissais tant et pour lesquels tu t'es donné corps et âme, tu apprends à penser à toi et à prendre en compte tes besoins et tes désirs...
Et voilà qu'au fil des jours, je découvre de jolies facettes de toi que je ne connaissais pas... Comme si les épreuves ont fissuré ta carapace pour faire ressortir le meilleur de toi
Je sais combien cette période t'est douloureuse, pourtant elle t'a permis de renaître: tu as enfin trouvé l'envie d'entreprendre les travaux que tu voulais faire depuis dix ans; tu as ressorti ta guitare de son étui et plaqué quelques notes maladroites sur lesquelles j'ai posé ma voix; ton rire est plus franc, tes étreintes plus tendres, ton regard plus attentionné.
A travers nos conversations je te redécouvre. Toi qui te dis non altruiste, je sens pourtant ce souci permanent que tu as de penser aux besoins de ton entourage, de ta volonté de ne pas blesser, de tenir compte de la valeur de l'autre...
Je le savais mais j'ai eu la confirmation de ce que j'ai toujours pensé de toi: tu es juste quelqu'un de bien et j'ai beaucoup de chance que nos routes se soient croisées...
© "Trois-mâts anglais dans la tempête", tableau d'Henri Durand-Brager
Voir le profil de Rachel sur le portail Overblog
Commenter cet article