Lis, vis, aime
30 Mai 2019
Je reconnais que le titre n'est pas très joyeux, mais sans la mort, la vie ne serait pas si savoureuse, ne trouvez-vous pas?
J'ai créé aujourd'hui mon DMP, le fameux Dossier Médical Partagé, vous connaissez? Malgré ma crainte de me faire voler mes données personnelles de santé, je me dis que j'ai plus à gagner qu'à y perdre. En effet, cela me permet de garder en mémoire mon parcours médical, sans que j'aie à solliciter mes souvenirs pas toujours fiables sur les hospitalisations, les interventions chirurgicales ou les pathologies que j'ai pu connaître par le passé et les mettre immédiatement à disposition des différents professionnels de santé que je pourrais être amenée à rencontrer.
Dans la rubrique des "Données administratives et de connexion", il existe une sous-rubrique intitulée "Volontés et droits" où vous pouvez déposer vos directives anticipées pour vos volontés pour votre fin de vie. Quand on voit l'énorme imbroglio judiciaire qui déchire la famille de Vincent Lambert depuis une décennie, on a envie de clarifier tout cela pour éviter à nos proches de vivre la même chose.
Eh ben, je croyais que cela allait être simple, mais je n'y suis pas arrivée! J'ai refermé la rubrique et je me suis déconnectée!
Pourtant je ne crains absolument pas de mourir! Certes, j'appréhende de perdre les gens que j'aime, mais me concernant aucune peur.
Je sais que je refuse l'acharnement thérapeutique, je ne veux pas être un corps chaud mais inerte échouant sur un lit d'hôpital, relié à des tuyaux, inconscient de tout ce qui m'entoure et ne pouvant plus interagir avec qui que ce soit, attendant juste que la Faucheuse vienne me chercher.
Mais comment évaluer à partir de quel moment je souhaiterais qu'on arrête le traitement? Combien de fois ai-je entendu des histoires de personnes ayant vécu l'expérience de la mort imminente, revenues de l'au-delà après quelques minutes de mort clinique? Ne dit-on d'ailleurs pas que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir?
J'ai accompagné une personne très proche jusqu'au bout, je suis restée à ses côtés. Les médecins nous avaient avertis qu'il ne passerait pas la journée, je voyais les voyants lumineux et les alarmes qui s'affolaient un peu plus à chaque fois que la vie le désertait, et pourtant jusqu'au bout je me suis attendue à un miracle.
Convictions religieuses mises à part, je peux comprendre que les parents de Vincent Lambert aient le plus grand mal à laisser partir leur fils. Parce qu'on a beau se dire que ce n'est plus qu'une enveloppe corporelle, au moins ils peuvent encore le toucher et le voir...
Tout le monde n'est pas Karl Lagerfeld qui a orchestré de main de maître son départ, couchant noir sur blanc les moindres détails de ses obsèques. On a beau savoir qu'on partira un jour, inévitablement, un coin de notre tête refuse d'y penser.
Un jour ou l'autre il me faudra remplir cette fichue rubrique, pour éviter à mes proches une douleur supplémentaire inutile.
Au moins pour mon profil Facebook, c'est plié, j'ai trouvé mon légataire :)
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